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 La Marine Ottomane XVIIIe - XXe siècle

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MessageSujet: La Marine Ottomane XVIIIe - XXe siècle   La Marine Ottomane XVIIIe - XXe siècle Icon_minitimeVen 28 Avr - 20:16

Dossier de Recherche : La Marine Ottomane XVIIIe-XXeme siècle






La Marine Ottomane XVIIIe - XXe siècle Yavuz_10

Yavuz Sultan Selim












« La Turquie est l'homme malade de l'Europe »
Empereur Russe Nicolas Ier ( Traité de San Stefano 3 mars 1878 )

L'Empire ottoman apparaît comme le rival des Empires Européens. Cet empire fondé en 1299 avait conquis de nombreuses terres. Il s'étendait sur un partie des pourtours de la Mer Noire, de la Mer méditerranée et de l'Océan Indien. L'Empire dominait de vastes terres notamment l'Egypte, la Grèce, l'Anatolie, l'Arabie, la Syrie ainsi que la Mésopotamie. Jusqu'au XVIII éme siècle, l'Empire Ottoman apparaît comme un Empire fort et conquérant. Il se constitue autour de traditions héritées des peuples arabes, Mongoles et Turciques. Ses traditions maritimes sont donc quasi-inexistante. C'est avec des Sultans comme Soliman le Magnifique que l'Empire avait atteint son apogée grâce à une série de conquêtes sur terre. Sur mer, la marine ottomane prend part à de nombreux conflits entre le XVIe et le XVIIe siècle. Elle subit quelque revers notamment à la bataille de Lépante ( 1571 ). L'empire Ottoman a néanmoins instauré un certain contrôle sur les mers bordants ses territoires. Ensuite, il instaure selon l'Historien Daniel Panzac une « Pax ottomana » lors d'une période où se succède peu de conflits en mer entre 1718 et 1769. L'Empire a dû ensuite faire face à ses rivales européennes tant sur terre que sur Mer. Cette époque fut notamment dominée par une rivalité importante avec l'Empire russe. La mer apparaît comme un enjeu majeur de la rivalité entre ottomans et russes. En effet, c'est cette rivalité profonde qui va pousser les ottomans à bâtir une flotte de guerre capable de rivaliser avec les flottes européennes. Cette volonté de rivaliser les flottes européennes ne peut cependant pas avoir lieu sans leurs concours. C'est ce qui rend la relation entre l'Empire Ottoman et les autres états européens si complexe. Les problèmes de la marine apparaissent notamment vers 1850 avec de nouveaux types de navires. La mécanisation de la flotte ottomane accroît de plus en plus la dépendance des Ottomans vis-à-vis des autres états européens. Cette dépendance le poussera à rechercher le soutien des états européens poussant l'Empire dans une guerre où déjà distancé sur le plan technologique et technique. Cette guerre devait être la dernière de l'Empire marquant le démantèlement de sa flotte. La période allant de 1770 à 1923 apparaît donc fondamentale dans l'étude de la marine ottomane. On tentera alors de se demander :Peut-on dire que la marine Ottomane apparaît entre la fin du XVIIIe et le XXème siècle comme une marine vétuste et incapable de rattraper ses rivales européennes ?
Nous verrons dans un premier temps La Marine ottomane face à l'Europe ( I ). Puis dans une seconde partie, nous aborderons l'époque des Tanzimat (II). Enfin, nous traiterons une mission de plus en plus difficile (III)

I) Le désastre Ottoman et le Nouvel Ordre.

1) Le Renouveau de la marine de la marine ottomane

L'Année 1768 est importante pour la marine de guerre ottomane. En effet, avant cela, elle avait connu une période de relative tranquillité et exerçait son contrôle sur une partie de la méditerranée. En, 1768 s'ouvre la guerre Russo-Turque. En effet, la flotte russe sous l'impulsion de Catherine II quitte son port d'attache en mer du nord afin de se rendre en méditerranée afin, de soutenir l'armée, mais aussi de provoquer un soulèvement des Grecques Orthodoxes. La Flotte russe échoue à mener le siège de Modon et Coron. Elle rembarque ses soldats, mais doit affronter la Flotte ottomane qui affiche une supériorité écrasante. C'est en 6 juillet 1770 que les flottes s'affrontent. Cette bataille est marquée par la supériorité de la stratégie russe dont les navires sont encadrés par des officiers anglais. Le Navire du Kapudan Pacha aborde finalement celui de l'Amiral Orlov. Les deux bateaux sont détruits pendant le combat et un incendie se déclare menaçant le reste de la flotte Ottomane. Les Turcs font retraite vers le port de Ḉesme où s'entassent la totalité de la flotte turque. Elle est part la suite anéantie en une seule attaque grâce à des Brulots grecques. La flotte anéantie, c'est tout le littoral contrôlé par l'Empire ottoman qui pouvait être menacé. La menace qui planait sur Istanbul pousse les Turques à réagir rapidement en renforçant les défenses côtières dans les Dardanelles. La flotte ottomane n'aura ensuite qu'un rôle de transport de troupes pendant le reste du conflit. C'est avec le traité de traité de Küçük Kaynarca que se scelle ce conflit. Cette guerre a eut un grand retentissement en Europe et en Orient et met en lumière la profonde faiblesse de l'Empire Ottoman. Cette faiblesse, l'Empire en fut conscient, ce n'était que du désastre de Ḉesme que pouvait naître une nouvelle flotte. L'Année 1774 a marqué une ère nouvelle pour les Ottomans : le Nizam i-Cedid. Il s'agissait pour l'Empire ottoman de faire place au renouveau et de pallier ses problèmes sur mer et sur terre. C'est sous Adbülhamid I ( 1774-1789 )1 que débute le Nouvel Ordre. Il fut poursuivi par ses successeurs Selim III ( 1789-1807 ) et Mahmud II ( 1808-1839 ). Il y a eut une volonté de s'attaquer aux traditions ottomanes dans l'armée et dans la marine. Adbülhamid I et Selim III sont convaincus qu'il faut européaniser l'Empire.
Cependant, l'empire ottoman est dominé à cette époque par des groupes traditionnels fort comme les congrégations religieuses et les janissaires. De plus, l'Empire Ottoman est musulman et il compliqué de faire accepter l'aide de chrétiens dans la mise en place de cette réforme. Selim III s'est appuyé sur şeyh-ül islam qui étaient d'importants théologien islamiques et sur des kadi-Asker qui étaient au sommet de la pyramide judiciaire. Ces élites religieuses ont soutenus la politique du Sultan parce qu'ils avaient des liens importants avec la cour, mais aussi parce que le souverain de l'Empire ottoman était une figure importante et divine puisque l'ombre de dieu sur Terre2. De plus, ils sont en majorité rivaux des Janissaires. Ils ont adopté un message simple afin de convaincre l'opinion publique. Tout d'abord, leur message était basé sur un fond théologique. Il s'agissait de moderniser l'armée qui est le fer de lance de la conquête islamique contre les infidèles. De plus, un verset du coran stipule que l'on peut utiliser les tactiques de combats d'un adversaire pour le combattre3. Ensuite, le Nizam i-Cedid est fondé sur l'argument que les croisés ont déjà utilisés la manière de combattre des musulmans pour les améliorer. Il paraît donc juste que les musulmans se le réapproprient. Enfin, ils ont ajoutés que l'obéissance au Sultan doit être totale « Ô vrais croyants, obéissez à Dieu, et obéissez au Prophète et à ceux qui ont autorité sur vous. » ( extrait du Coran, Chap.IV verset 59 ). Le Kapudan Pacha ( grand Amiral ) obtient à la même époque le pouvoir de commandement absolu sur la flotte ottomane. La chute de Selim III provoque l'abandon de la majorité des réformes de l'Empire, mais la marine de guerre qui est peu liée aux traditions est peu impactée.


2) Les Débuts de la dépendance Européenne

Le problème auquel a dû faire face l'Empire ottoman après Ḉesme est l’insuffisance de personnels compétent en matière de construction navale notamment pour moderniser la flotte. L'état ottoman s'est donc tourné vers du personnel étranger. Cependant, cela rend l'Empire de plus en plus dépendant des états étrangers et de leur personnel. Le personnel étranger est présent depuis longtemps dans l'Empire Ottoman. Cependant, ces étrangers étaient en grande majorité des convertis.
L’œuvre de l'Empire Ottoman est nouvelle ici. En effet, l'État fait appel à des savants auprès d'états étrangers, il leur permet de garder leurs us et coutumes, mais ils sont aussi rémunérés par le trésor ottoman et ils exercent une autorité sur des musulmans. Ces savants et techniciens européens sont engagés dans des buts précis. Ils forment alors des missions qui ont pour but de soutenir l'européanisation de l'armée et de la marine ottomane. Deux nations sont les principales pourvoyeuses de savants et de personnel.
La France liée depuis François Ier à la sublime porte envoi une mission entre 1784 et 1788. Cette mission se compose de Leroy, un ingénieur de la marine  Durest, sous-ingénieur, ainsi que de quatre charpentiers, deux maîtres, deux contremaîtres, un contremaîtres perceur, deux calfats, un maître et un contremaîtres(1)4. C'est la plus importante. Une autre mission est engagée entre 1793 et 1798. Enfin, on trouve nombre de Français travaillant à titre personnel dans la marine ottomane. On a notamment des officiers du génie comme Chabaud de la Tour, Monnier du Courtois ainsi que le plus célèbre Lafitte-Clavé qui rédige un ouvrage majeur « Éléments de castramétation et de fortification passagère ». D'autres sont des cartographes qui vont cartographier la mer noire, le Bosphore, la mer de Marmara. De même, des officiers d'artilleries sont chargés de s'occuper d'améliorer les fonderies de canons d'Istanbul.
L'autre nation qui a fourni la majorité des savants et personnels qualifié est la Suède. En effet, plusieurs missions suédoises se succèdent entre 1784 et 1800. Si les missions furent nombreuses le nombre d'Européens ne dépassa jamais la vingtaine à Istanbul. L'aide étrangère va permettre une refonte importante de la flotte impériale qui va se moderniser dans sa construction. Tout d'abord dans la coupe des arbres, mais aussi dans l'assemblage des navires. Entre 1794 et 1799, les arsenaux ottomans bâtissent plusieurs bâtiments notamment des navires de 74, 80 et 120 canons. Ils apportent aussi leur aide à la construction de deux Frégates et de quatre corvettes.
Le soutien à la marine ottomane permet aussi à l'Empire Ottoman de pouvoir ouvrir sa première école navale en 1773. Cette nouvelle école s'incarne autour de son fondateur Gâzi Hasan véritable fondateur de l'école d'officiers de marine moderne dans l'Empire Ottoman. Cette école tranche avec les écoles traditionnelles ottomanes qui privilégiaient l'enseignement de la tradition. En effet, elle fait appel à des Européens comme professeurs. Le Baron de Tott enseigne notamment en à cette école et évoque notamment dans ses mémoires la volonté de moderniser la flotte. Les élèves sont autant des jeunes que des vieux officiers dont l'enseignement moderne fait cruellement défaut. C'est grâce à l'arrivée d'officiers français que l'école va devenir un centre important de formation d'officiers. On y apprend les mathématiques, la fortification, mais aussi les matières navales comme le pilotage, la tactique, la manœuvre. Les officiers sont aussi entraînés aux rudiments de la géographie et de l'astronomie. En 1795, elle connaît sa dernière réorganisation, on sépare la formation en deux ailes d'un côté ceux destinés à devenir officiers de marine et ceux destiné à la construction navale. Le débarquement d'Egypte en 1799 n'a que peu d'impact sur l'école. Une partie des enseignants français quittent l'école, mais elle a depuis sa création créée une génération d'enseignants turcs capable de former des officiers.
 
3) Une puissance navale incomplète.

La Flotte ottomane disposait à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle d'une flotte moderne. Les navires du XVIIe avait disparus, les caravelles notamment ont disparus de la flotte ottomane après 1791. Avec l'aide étrangère, la marine se dote de Frégates, de corvettes. En 1801, la flotte ottomane comptait 60 navires. Il est nécessaire pour mesurer l'importance de la marine ottomane d'observer les marines Européennes de l'époque.


Les Flottes de guerre en 18005

Pays /  Total Vaisseaux /Frégates - Corvettes
Angleterre 328 127 201
France 110 44 66
Espagne 113 66 47
Russie – Mer Noire 24 13 11
Russie – Mer Baltique 78 54 24
Empire Ottoman 60 26 34


La Flotte ottomane apparaît comme une flotte importante. Cette importance est pourtant relative par rapport aux flottes européennes. On remarque par exemple la supériorité écrasante de l'Angleterre et de la France sur la marine Ottomane. Il s'agit cependant des Leaders en matière de flottes modernes. De plus, la politique de construction moderne est une entreprise récente dans l'Empire Ottoman. Enfin, il faut ajouter qu'elle atteint son objectif de concurrencer la marine Russe dans la Mer Noire où sa supériorité apparaît nettement. On a cependant souvent vu que la marine russe de la Baltique était capable de quitter les mers du Nord pour rejoindre la méditerranée. Cependant, la marine Ottomane peut compter à cette époque sur le soutien des régences d'Affrique du Nord et de leurs Corsaires Barbaresque. L'activité des cités corsaires d'Afrique du Nord est particulièrement importante entre 1793 et 1805 où on note un pic en 17986. Ces corsaires d'Afrique du Nord soutiennent l'Empire Ottoman et la guerre de course qu'ils mènent dans les eaux de la méditerranée rend cette mer particulièrement dangereuse pour les navires européens. La marine ottomane a donc une flotte moderne et tous les observateurs européens en sont convaincus.
Cependant, la marine ottomane fait face à un problème important. Il s'agit de l’insuffisance flagrante d'hommes pour manœuvrer. La marine ottomane avait pour tradition de recruter des matelots pour six mois contre une solde. Ces matelots étaient surtout originaires des îles de la méditerranée ou d'Anatolie égéenne, Roumélie. À la fin du XVIIIe siècle, avec l’agrandissement de la flotte, l'Empire se voit obligé de recruter des marins orthodoxes notamment en Mer Noire. En 1788, c'est donc un peu plus de 2000 matelots orthodoxes qui sont engagés de force pour la traditionnelle période des six mois en mer. De plus, la marine va organiser une nouvelle administration qui va s'occuper d'enregistrer tous les marins et pêcheurs des grands ports ottomans. Ces marins sont renouvelés chaque année. La marine ottomane apparaît donc avec un manque de professionnalisme certain, car ses hommes n'ont pas le temps de se former en six mois à la manœuvre et au combat sur les bâtiments modernes. Gâzî Hasan tente pourtant de créer une caserne de marin à Istanbul afin de maintenir des marins dans une durée d'engagement plus longue, cependant, c'est un échec puisque le Vizir refuse que le Kapudan ait une force armée aussi importante dans la capitale. Ces difficultés empêchent la marine ottomane de profiter pleinement de ces améliorations.
Elle est engagée durant les deux guerres Russo-Turques de 1787-1792 et 1806-1812. Elle est défaite à chaque fois par les marines russes, mais s'en sort sans être totalement anéantie et sans réel désastre militaire. Selon l'expression de l'Historien Daniel Panzac « Malgré d'énormes efforts, Le Nizam i-Cedid n'avait pas réussi à obtenir de la marine le résultat qu'on attendait d'elle : effacer le souvenir de Ḉesme. »7


II) Entre nouveaux enjeux et éternels problèmes : des premières insurrections à la fin de l’époque des Tanzimât


1) Faire face à un délitement de l’état

Après avoir dû faire face aux velléités de conquête des puissances européennes, l’empire ottoman devra gérer de nouvelles crises qui émaneront de ses propres territoires. Deux révoltes viendront coup sur coup ébranler l’empire et nécessiteront une forte implication navale de celui-ci pour pouvoir tenter de les contenir. La première révolte éclate le 5 avril 1821 en Grèce dans la ville de Kalamata qui se situe au sud du Péloponnèse. Cette insurrection s’étendra rapidement dans tout le pays et le 12 janvier 1822 un gouvernement provisoire formé en Morée proclamera l’indépendance de la nation grecque à l’égard de l’empire ottoman8. Toutefois, la plupart des forteresses côtières sont encore sous l’influence des ottomans qui vont tenter de recouvrer les territoires qui leur ont échappé. Pour les aider dans cette tâche, la marine va alors avoir pour rôle essentiel le transport des troupes terrestres, leur protection et leur ravitaillement. La flotte grecque, composée essentiellement de bricks, de corvettes et de goélettes n’est pas en mesure d’affronter les frégates et les vaisseaux ottomans et donc il n’y aura que très peu de véritables affrontements navals. Les grecs utiliseront alors principalement des brûlots pour lutter contre la flotte ottomane et si leur efficacité est limitée (plus de cent vingt brûlots utilisés pour seulement détruire une quinzaine de navires ottomans entre 1821 et 1825) leur utilisation n’en reste pas moins spectaculaire et forcera les ottomans à privilégier des navires plus légers qui seront moins facile à atteindre9.
Toutefois, malgré la supériorité évidente de leur flotte sur les grecs, les ottomans auront grande peine à contrôler l’insurrection hellénistique, une guerre en Perse étant venu s’ajouter à l’insurrection et les matelots grecs ayant naturellement massivement déserté les équipages. Cela forcera le sultan Mahmud II à demander en 1824 l’aide de Mehmed Ali, le gouverneur de l’Egypte dont le fils Ibrahim Pacha avait aidé deux ans plus tôt l’empire à rétablir son autorité sur la Crète.  Ce renfort égyptien permettra à l’empire de rétablir sa domination sur la Grèce grâce à l’importance de la flotte issue de l’arsenal d’Alexandrie. Néanmoins, les hostilités reprendront avec l’entrée de la Russie dans le conflit 4 avril 1826 suivie de l’Angleterre et de la France suite à la signature du traité de Londres le 6 juillet 1827. La bataille de Navarin qui se déroulera le 20 octobre 1827 témoignera de la supériorité des européens sur les ottomans du point de vue de la puissance navale, supériorité qui se caractérisera par une technologie maritime plus avancée mais surtout des équipages bien mieux formés. En effet, bien que plus nombreux (vingt-deux navires ottomans contre dix-neuf européens) et bénéficiant de la position stratégique que leur offrait la baie de Navarrin, les ottomans perdront presque tout leur navires alors que les européens n’en perdront aucun. Cet événement qui mènera à l’emprisonnement d’Ibrahim Pacha et de fil en aiguille à l’indépendance de la Grèce le 3 février 1830 dévoile à nouveau le manque de formation des marins ottomans et la nécessité pour les turcs de reconstruire au plus vite leur flotte, support indispensable à leur armée.
Le Tersâne-i Âmire, l’arsenal d’Istanbul, doit cependant faire à de nombreux problèmes dans la reconstruction de cette flotte. En effet, la dévaluation de la monnaie ottomane et la non réévaluation des salaires par le sultan depuis son prédécesseur ont entrainé un fort absentéisme chez les ouvriers qui pour se payer n’hésitent pas à voler des matières premières sur les chantiers10. Le peu d’embarcations qui sortent alors de l’arsenal présentent de nombreuses malfaçons et ce sont donc des équipages fébriles et diminués qui doivent s’engager dans la lutte contre la révolte égyptienne. L’Egypte quand à elle dispose d’une importante flotte construite sur le modèle européen grâce à la présence dans son arsenal d’Alexandrie de deux constructeurs navals français : Louis Charles Lefébure (de 1825 à 1831) et Pierre Mongel (de 1835 à 1841). Des étudiants égyptiens sont également envoyés étudier en France la construction navale ce qui témoigne bien de la reconnaissance des dirigeants égyptiens et par extension des dirigeants ottomans de la supériorité technique et professionnelle des européens dans le domaine de la marine. Dès 1833, cette dépendance de l’empire ottoman à l’Europe s’affirme avec le traité de Hunkar Iskelesi qui apporte l’aide de la Russie dans une révolte que le sultan n’arrive plus à gérer. Inquiète par cette alliance, l’Angleterre va renforcer ces positions en Méditerranée menaçant l’Egypte d’un blocus du port d’Alexandrie. La double intervention européenne en 1933 puis en 1940 mettra fin aux velléités de conquête de Mehmed Ali.
Dans cette révolte, la marine aura eu principalement -pour ne pas dire exclusivement- un rôle d’acheminement des troupes, il s’agissait en effet surtout d’une guerre terrestre mais il est intéressant de constater la nécessité de la marine même dans ce type de combat. En 1841, Mehmed Ali est contraint par l’Angleterre de signer la paix le 11 janvier et le 13 juillet est signée la Convention des Détroits qui prévoit la fermeture du Bosphore et des Dardanelles aux navires étrangers en tant de paix. Cela vient confirmer la primauté européenne et notamment Anglaise dans le ballet méditerranéen, l’empire ottoman ne pourra plus composer sa partition maritime sans prendre en compte ce géant européen.

2) Une métamorphose nécessaire

Les révoltes grecques et égyptiennes ont confirmé la nécessité pour l’empire ottoman de posséder une flotte qui puisse lui permettre d’assurer son contrôle en Méditerranée mais la démonstration de puissance des européens lors de ces deux événements a aussi prouvé l’importance de posséder une flotte à la pointe de la technologie et un personnel qualifié pour la manœuvrer. L’époque des Tanzimât constitue dès lors un tournant majeur dans cette métamorphose puisque dès 1939 et pour quarante années, les quatre sultans qui se succéderont n’auront de cesse de vouloir rattraper leur retard naval sur les européens. On peut toutefois nuancer ce propos en disant que cette volonté de modernisation s’amorce dès 1829 avec l’arrivée des premiers vapeurs dans le port d’Istanbul mais cette technologie prend du temps à se faire accepter et comprendre par les ouvriers ottomans et ne prendra réellement son essor que pendant la période des Tanzimât, période marquée par une très forte européanisation de l’empire.
Cependant, la métamorphose de la flotte ottomane durant cette période n’aura pas lieu immédiatement, au lendemain de la paix signée avec l’Egypte, l’empire ottoman doit recouvrer ses forces et la priorité n’est plus à la constitution d’une flotte ottomane. De 1842 à 1853, seulement vingt et un bâtiments sont construits ce qui est peu comparé aux années précédentes ; les embarcations jugées trop vétustes ou trop anciennes sont envoyées à la casse11. A l’heure où les puissances européennes se dotent  progressivement de puissants vapeurs, la quasi-totalité des navires ottomans avance grâce au souffle du vent.
Il faudra la guerre de Crimée qui opposera l’empire ottoman à la Russie de 1853 à 1856 pour que la flamme de la modernisation embrase l’arsenal d’Istanbul. En effet, la flotte russe s’est dotée d’une nouvelle technologie française : les canons-obusier. Ce type de canon utilisés jusqu’ici lors de guerres terrestres sera ici pour la première fois utilisé lors de combats navals sur et la marine ottomane sera la première dans le monde à en faire les frais. La guerre navale russo-turque qui avait pour enjeu le détroit de Sinop a vu en effet la destruction en une heure et demie de l’escadre ottomane qui lui était opposée.
Désigné au début de cette guerre comme « un vieil homme malade » par Nicolas 1er, l’empire ottoman amorcera sa première vague de modernisation pour ne pas se faire distancer dans la course à l’armement. La machine à vapeur est devenue la condition sine qua non pour qu’un navire soit considéré comme un navire de guerre. L’empire ottoman va donc chercher à doter dans un premier temps sa flotte de roues à aubes puis d’hélices. Pour ce faire, n’ayant pas les connaissances en métallurgie nécessaires, le sultan devra faire appel à l’Angleterre qui enverra des ingénieurs à Istanbul pour assembler les pièces de métal sur place et inversement pour les hélices, c’est l’empire ottoman qui enverra ses navires en Angleterre. A cette nécessité d’un moteur s’ajoute celle de l’armement mais aussi et surtout celle d’une défense efficace représentée par le cuirassé.
De 1861 à 1876 s’amorce alors une nouvelle vague de modernisation pour la marine ottomane12. Les nouveaux enjeux posés par la guerre ont forcé les ottomans à agrandir leur arsenal pour qu’ils puissent eux même fabriquer leurs propres pièces de métal. En 1877, l’empire ottoman disposera de la troisième flotte cuirassée au monde après l’Angleterre et la France avec quinze navires cuirassés. En plus de se moderniser, la flotte s’européanise, l’Europe devient un véritable « patron » pour la marine ottomane : un patron du point de vue la fabrication puisque la flotte européenne servira de modèle à la construction de la flotte ottomane mais également un patron dans le sens où du point de vue maritime, une supériorité européenne se dessine par rapport aux ottomans qui commencent à accuser leur retard. En effet, pour se maintenir à niveau militairement le temps d’assurer l’autonomie de son arsenal, l’empire ottoman a dû acheter de nombreux bâtiments aux puissances européennes notamment l’Angleterre et la France ce qui lui a coûté très cher et l’historien Daniel Panzac estime à environ quinze millions de livres turques la somme totale dépensée pendante le règne d’Abdülaziz pour se procurer une telle flotte soit environ un millions de livre par an. Il convient alors de se demander si la dépense d’une telle somme s’est trouvée légitimée au regard des nouveaux enjeux auxquels s’est trouvée confrontée la marine ottomane au cours de cette époque des Tanzimât ? A-t-elle réussie à surmonter ses problèmes d’antan, notamment au niveau de la formation de son personnel qui a dû apprendre à gérer toutes ces nouvelles technologies ?

3) Une marine qui reste décevante

Un fait important qu’il convient de souligner est que dans un empire qui se réorganise, la place de la finance à une place de premier ordre, chaque économie qui pourra être réalisée le sera. Ainsi, pour accomplir les nombreuses missions qu’il destinera à la marine au cours de l’époque des Tanzimât, l’administration ottomane ordonnera en 1859 la construction de navires en bois munis d’une machine à vapeur qui coûteront moins chers et pourront être construits directement dans les arsenaux ottomans puis envoyés Angleterre pour y être équipé de leur pièces métalliques. Cela montre bien un développement de la marine à deux vitesses mais qui s’explique par la multiplicité des tâches qui lui seront confiés. En effet, les navires en bois seront légèrement armés et pourront donc acheminer plus de troupes tandis que les navires cuirassés seront plus lourdement armés et seront destinés à des tâches exclusivement guerrières.
En 1866, une insurrection éclate en Crète et sera soutenue par la Grèce. La marine ottomane s’illustrera ici en assura l’acheminement de troupes destinées à protéger la population de l’île, elle créera un blocus pour empêcher les partisans grecs à la cause crétoise de leur venir en aide et réussira même à capturer un forceur de blocus grec pour l’incorporer à sa flotte. Toutefois, ce fait d’arme est l’œuvre d’un Lord anglais au service des ottomans, ces derniers ayant du mal à manœuvrer leurs lourdes embarcations13.
En 1869, l’inauguration du canal de Suez relie la mer Méditerranée à la mer Rouge. Cette dernière devient alors un enjeu pour l’empire ottoman puisque sa population musulmane peut désormais se rendre par bateau à la Mecque bien plus rapidement, une base navale est alors construite dans un objectif de protection des pèlerins à Djedda. Les ottomans entament une chasse aux négriers clandestins qui sévissent dans ces eaux mais sans grand succès. En 1870, une armée de 15000 soldats ottomans est acheminée non sans mal à destination de la mer Rouge (l’affrètement de navires européens a dû être nécessaire face à l’incapacité des ottomans à gérer les longs voyages en mer). Cette armée conquiert le Yémen en 1872 et une partie de la flotte ottomane sera alors dévolue à son soutien.
Une nouvelle guerre éclatera entre l’empire ottoman et la Russie de 1877 à 1878 mettant fin à l’époque des Tanzimât. Remportée par cette dernière, cette guerre semble une redit de la guerre de Crimée de 1853 dans le sens où elle dévoile une nouvelle fois les problèmes de la marine ottomane. En effet, après les canons-obusiers, celle-ci est à nouveau la première à devoir faire face à un nouveau type d’armement naval : les torpilles. Cela montre que la marine ottomane n’arrive pas à se mettre à la pointe de la technologie, elle n’accomplie que la moitié du chemin de sa modernisation à l’image de ses navires composés à moitié de bois et à moitié de métal. De plus, son personnel maritime, s’il est mieux formé depuis la défaite de Sinop n’en reste pas moins démuni pour manœuvrer des embarcations toujours plus perfectionnées. Néanmoins, ce n’est pas son incompétence qui est à mettre en cause ici mais plutôt son cruel manque de réactivité dans les combats navals, il n’est pas l’héritier d’une tradition maritime. La marine ottomane assume ici tant bien que mal sa mission de support de l’armée terrestre et de gardienne des détroits mais cela est très onéreux pour un empire qui a toujours été plutôt tourné vers la terre que vers la mer.

III) Une mission de plus en plus difficile à remplir

1) Une fragilité irréfutable :

Au lendemain de la guerre russo-turque, la politique navale de l’empire ottoman trouvera une nouvelle orientation dans son nouveau sultan Abdülhamid II puisqu’on assistera à un repli de la marine ottomane sur elle-même. Celle-ci se concentrera de nouveau sur la protection du Bosphore et des Dardanelles dans un objectif de protection d’Istanbul face à une Russie qui commence à étendre son influence dans la mer Noire.  A l’image de l’Europe mais aussi pour tenter de rattraper à nouveau son retard, l’empire ottoman commandera deux torpilleurs à la France en 1884 puis cinq à l’Allemagne en 188614. La même année, un nouveau type de torpilleur inventé par le suédois Nordenfelt est commandé par l’empire ottoman : le sous-marin. Deux Nordenfelt seront livrés dans l’arsenal d’Istanbul en 1887 mais ils ne seront jamais utilisés lors de combats en raison de plusieurs de leurs défauts et du manque de formation du personnel ottoman.  
Face à une baisse drastique des recettes de l’état, ce dernier ne peut plus se permettre de commander ses navires à l’étranger. Le Tersâne-i  Âmire, l’arsenal d’Istanbul est donc à nouveau sollicité et commence à produire des canonnières, des croiseurs puis des cuirassés. Toutefois, le niveau de compétence des ouvriers reste en deçà de la tâche qui leur est incombé, les matériaux utilisés sont parfois inappropriés et lors de la sortie de l’arsenal les embarcations ottomanes ne trouvent pas  d’équipage qui soit apte à les manœuvrer efficacement. Un exemple de cette myriade de points faibles de la marine ottomane réside dans la croisière de l’Ertuğrul de 1889 à 189015. Ce navire de bois sorti de l’arsenal d’Istanbul en 1864 avait été équipé en Angleterre d’une machine à vapeur puis rénové et armé pour son tour du monde en 1889 pour célébrer le panislamisme et la renaissance de la flotte ottomane. De nombreux incidents techniques survinrent tout au long de la traversée mais le navire parvint tant bien que mal jusqu’à Yokohama en juin 1890. Là bas, il lui fût ordonné par le sultan d’entamer son voyage de retour malgré une saison où les typhons étaient nombreux. Le navire fit naufrage et seuls 69 hommes sur 400 eurent la vie sauve.
Enfin, la guerre gréco-turque revint mettre le doigt sur l’incompétence des ouvriers et des équipages ottomans16. En effet, cette guerre dont l’enjeu était le rattachement de la Crète à la Grèce à montrer que la marine si elle avait un rôle à jouer n’a pas pu le remplir efficacement en raison de problèmes de chaudières et de machine à vapeur chez ses cuirassés et ses torpilleurs ; de plus, les canon Armstrong sont dans un état lamentable et les tubes des canons à tir rapides n’ont pas les bons tubes. L’inutilité de la marine dans cette guerre force l’empire ottoman à courber une nouvelle fois l’échine face aux puissances européennes dont il est de plus en plus dépendant.
2) Une dépendance européenne toujours plus forte
Sous le règne d’Abdülhamid, la présence européenne dans le cadre de la marine ottomane c’était illustrée de nombreuses manières. Dans un premier temps, on notera l’influence de la théorie française dite de la  « Jeune Ecole » sur la politique navale ottomane et plus particulièrement, l’idée que lors d’un combat naval celui qui a le plus de cuirassés le remporte. C’est ce qui a poussé notamment l’empire ottoman à se doter du plus grand nombre de cuirassés possible faisant de celui-ci la troisième puissance mondiale dans ce domaine. On l’a vu, il y a eu beaucoup de commandes de la part de l’empire ottoman de navires de guerres auprès des puissances européennes forçant ce dernier à réaliser plusieurs emprunts auprès de ces dernières notamment l’Angleterre.  Il y a donc une forme de dépendance à la fois économique mais aussi technique de la part de la marine ottomane à l’égard de l’Europe.
Dès son achats de torpilleurs, l’empire ottoman ajoutera la l’Allemagne à la liste des puissances européennes dont il est dépendant et leur relation n’aura de cesse de s’amplifier avec les années jusqu’à l’éclatement de la première guerre mondiale. Quand le sultan décidera de remettre en activité l’arsenal d’Istanbul, vingt-cinq techniciens européens y seront engagés dont onze anglais et neuf allemands. Leur science sera la bienvenue dans un contexte où l’innovation maritime s’accélère de plus en plus.
En effet, de nouveaux types de bâtiments font leur apparition comme le croiseur léger au début du XXème siècle, le dreadnought qui consiste en un cuirassé amélioré apparu dès 1880, ou le sous-marin qui ne cesse de se perfectionner depuis le Nordenfelt. Les français sont de 1904 à 1906, les partenaires privilégiés de l’empire ottoman puisque ce dernier a commandé auprès de la maison Scheider quatre torpilleurs et contre-torpilleurs et dix canonnières pour un total de quinze millions de francs ce qui représente la plus grosse commande réalisé par l’empire ottoman durant cette période17.
En revanche, en ce qui concerne la formation d’officiers ottomans à la manœuvre de bâtiments toujours plus développés et complexes, c’est l’Angleterre qui va se poser comme le partenaire privilégié de l’empire ottoman. Ce dernier avait déjà envoyé de 1894 à 1895 huit officiers stagiaires en France mais dans le cadre de sa comme de deux cuirassés en 1911 à l’Angleterre, ce seront douze officiers en 1909 puis dix-huit en 1912 qui se dirigeront vers ce pays pour y étudier. Cela montre que l’empire ottoman est conscient de l’enjeu que représente la possession d’équipages compétents pour manœuvrer les navires complexes qu’il leur confie mais cela témoigne aussi de la dépendance de l’empire à l’égard des puissances européennes dans l’élaboration de sa politique navale.
Il est donc indéniable que la marine ottomane est dépendante des puissances européennes pour se maintenir à flot. Il convient en revanche de se demander si cette influence européenne à permis à l’empire et sa flotte de faire la différence lors des guerres de Libye et balkaniques ou bien aura-t-elle simplement permis d’éviter davantage le délitement de ce « vieil homme malade » ?
La guerre de Libye qui aura lieu de 1911 à 1912 et servira de prémisse aux guerres balkaniques opposera l’Italie à l’empire. Le pays européen domine l’empire ottoman sur mer coulant de nombreux navires mais ne parvient pas à s’affirmer sur terre. Un armistice sera signée entre les deux adversaires mais deux jours après les états balkaniques entreront en guerre forçant l’empire à redéployer sa flotte. Encore une fois, la passivité des équipages ottomans leur fera défaut. Ce n’est plus tant un problème de compétence qui se pose ici pour la marine ottomane mais une attitude, une façon d’appréhender les combats navals qui est trop portée sur la défensive.
                     
                           
3) Une Fin inévitable

En 1914, l'Empire ottoman entre dans un conflit nouveau. C'est un conflit à l'échelle mondiale qui va demander une mobilisation totale de l'Empire Ottoman aux côtés de ses alliées. L'Empire Ottoman s'est rapproché de l'Empire allemand au début du XXème siècle. On compte d'ailleurs nombres d'officiers et d'instructeurs allemands dans l'armée ottomane. Ils sont moins présents dans la marine, mais on peut citer la mission dirigée par l'Amiral Von Usedom qui doit renforcer la protection des détroits. De même, la Marine ottomane est commandée par l'Amiral Souchon qui est secondé par un contre-amiral Turc Enver Hakki. L'état-major de la marine est composé de 4 officiers, 3 Allemands et un Turc.
De plus, la flotte ottomane se voit adjoindre deux vaisseaux le Yavuz sultan Selim ( croiseur de bataille de classe Moltke ) et Midilli ( croiseur léger de classe Madgeburg ). Ces navires étaient avant dans la marine allemande sous le nom de SMS Goeben et SMS Breslau ont été cédé à l'Empire Ottoman après leur arrivée dans le port d'Istanbul en août 1914. Le personnel allemand prend aussi une grande place dans la marine ottomane et la majorité des navires ont un équipage mixte. Le Yavuz Sultan Selim a à son bord 1332 Allemands et 24 Turcs alors que le Mdilli a à son bord 426 allemands et 6 turcs. Dans les autres navires les équipages sont à majorité ottomane. Une partie du personnel allemand est aussi déléguée à l'amélioration des chantiers navals Ottomans. On estime alors qu'entre 8 et 10% du personnel maritime ottomans était allemand. Les officiers de la marine Ottomanes peuvent se former sur les navires allemands dans la Mer du Nord et dans la Baltique. Ils seront peu nombreux, on trouve aussi des élèves officiers qui iront se former dans les écoles navales allemandes en 1915-1917.
Les problèmes vont s'accumuler pour la marine ottomane tout le long de la guerre. Si elle dispose d'une marine moderne, notamment grâce au support allemand, elle ne bénéficie pas des infrastructures pour les réparer rapidement. Le second problème vient de la production charbon de l'Empire ottoman. En effet, l'Empire ottoman faisait importer la majorité de son charbon d'Angleterre. La marine avait besoin de 3 700 000 millions de tonnes de charbon alors que ses mines n'en produisent que 900 000 de tonnes. De même, l'armée russe va s'évertuer à attaquer les centres miniers Ottomans dans le Nord de l'Anatolie et dans le Caucase. La Marine de guerre russe attaque les infrastructures portuaires et les convois de charbons dans la Mer Noire. Ce qui va miner considérablement l'effort de guerre ottoman entre 1914-1915.
Le théâtre d'opérations de la marine et des forces ottomanes va se déporter vers la mer de Marmara. En effet, entre 1915 et 1916, les forces alliées opèrent un débarquement dans les Dardanelles. Cette opération pousse l'armée et la marine ottomane à défendre Gallipoli de manière intensive, la capitale n'étant qu'à 300 kilomètres de là. La marine va convoyer de nombreuses troupes et munitions. Quelques raids vont être effectués dont le plus connu reste le raid du 13 mai 1915 où le cuirassé Goliath est coulé par le Destroyer Muavenet-i Milliye.
Le reste de la guerre maritime sera surtout sous-marine où la plupart des sous-marins anglais et français sont détruits par les champs de mines, filets et escorteurs ottomans. Les années 1917 et 1918 ne changeront rien à la situation de la marine turque. Elle récupère néanmoins certains bâtiments après l'armistice de Brest-Litovsk. La situation des troupes ottomanes apparaît critique sur terre. En effet, les forces alliées avancent en Syrie. En Europe, le Front bulgare explose en septembre. Finalement, c'est le 1er novembre que l'Empire Ottoman capitule, « Le 3 novembre, les navires de guerre sont internés, les équipages débarqués, les culasses des canons démontées et les pavillons enlevés, c'est la fin de la marine ottomane. »18
Le traité de Sèvres du 10 août 1920 sanctionne l'empire ottoman et notamment la marine ottomane avec les articles 181 et 190. Tous les navires ottomans doivent être livrés aux alliées. La Marine ottomane peut conserver de petits bâtiments avec seulement 2 canons avec un calibre inférieur à celui de 77. Le gouvernement Ottoman ne peut plus bâtir de flotte de guerres. Elle ne peut posséder que des navires inférieurs à 600 tonnes avec un maximum de 4 000 tonnes pour toute la flotte. Elle ne peut conserver que 600 hommes. De plus, les détroits doivent être ouverts. Les choses changent avec la révolution de Mustapha Kemal. Le Traité de Lausanne en 1923 met un terme à ces clauses et elle ne comporte aucune close militaire, les Turcs récupèrent aussi le contrôle des détroits.




Conclusion

La Marine ottomane apparaît comme un élément singulier dans un empire où la tradition maritime était quasi-inexistante à ses débuts. Elle n'a existé que part la volonté soutenue de l'Empire et surtout du Sultan Ottoman. On l'a vu entre 1772 et 1923, la marine ottomane ne s'est développée que par l'action de l'état. Cette relation avec l'état rendait tributaire de la richesse de l'Empire. C'est avec les crises qui ont bousculé l'Empire ottoman que la marine a été affaiblie. L'état a cependant toujours trouvé les moyens de financer le renouveau de cette marine notamment avec le Nizam i-Cedid. C'est sa rivalité avec l'Empire russe qui va pousser l'Empire à se doter d'une marine moderne afin de la combattre dans la Mer Noire et la Mer méditerranée. Cette modernisation la pousse à être de plus en plus soumise aux soutiens des états étrangers pour former son personnel et construire de nouveaux bâtiments. Les problèmes deviennent de plus en plus importants notamment lorsque la flotte ottomane doit se mécaniser dans les années 1850. La marine ottomane n'a pas su rivaliser avec les flottes Européennes. Il serait pourtant faux de dire qu'elle n'a pas accompli sa mission. Elle apparaît comme un soutien évident de l'armée et non comme une force de projection dans terres lointaines. Entre le XVIIIe et le Xxe siècle, elle a accompli sont rôle en pourvoyant en renforts, en munitions et en vivres les troupes ottomanes qui se battaient sur terre. Selon l'expression de l'Historien Daniel Panzac « En Fixant et en endommageant les navires suffisamment la flotte adverse, de la dissuader de franchir les détroits. » Son rôle de protecteur des détroits et surtout de la capitale a été un succès puisque toutes les tentatives d'attaque sur le cœur de l'empire ont échoué.






























Bibliographie


Islam et Occident

Coran, chap. VIII, verset 60 ;
Coran, chap, IX, verset 36 ;
Coran,  chap LXI, verset 4 ;
Coran, chap. IV verset 59

L'Empire Ottoman et l'Europe

POSTEL Claude, La France-Turquie, Paris, Les Belles Lettres, 2013

FARALE, Dominique, La Turquie Ottomane et l'Europe du XIVe siècle à nos jours, Paris, Economica, 2009

Empire Ottoman :

BURBANK Jane –  COOPER Frederick, Empires de la Chine ancienne à nos jours, Payot, 2011

MANTRAN Robert (dir.), Histoire de l’Empire Ottoman, Paris, Fayard, 2003

GEORGEON François, Abdülhamid II Le Crépuscule de l'Empire Ottoman, Paris, CNRS Éditions, 2003

MOREAU Odile, l'Empire Ottoman à l'Âge des réformes Les hommes et les idées du « Nouvel Ordre » militaire 1826-1914

Marine Ottomane :

PANZAC Daniel, La marine ottomane. De l’apogée à la chute de l’Empire (1572-1923), Paris, CNRS Editions, 2009

PANZAC Daniel , Les Corsaires Barbaresques la fin d'une épopée 1800-1820, CNRS éditions, Paris, 1999

VATIN Nicolas et VEINSTEIN Gilles,  Insularités Ottomanes, Maisonneuve & Larose institut française d'etudes Anatoliennes, 2004
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