La bataille de Malpaquet
Contexte :
La guerre de succession de l'Espagne débuter en 1701 continue et la France n'est pas dans une bonne position. L’Europe est en pleine guerre pour savoir qui va succéder au trône d'Espagne après la mort de son dernier roi Charles II, sans héritier. Deux hommes se battent pour le trône, Philipe d'Anjou le petit fils de Louis IV, les bourbons, et le fils de l'Empereur du Saint Empire et de l'Archiduché d'Autriche, Charles , de la famille Habsbourg.
Si au début la France gagne la guerre, la situation se retourne par la suite ce qui rend la situation très compliqué et menace la France.
Une grande alliance se forme en 1701 regroupant l’Angleterre, la Hollande, le Saint Empire, le Portugal, puis la Savoie-Piémont.
Après Ramillies, Louis XIV a tenté de négocier une paix mais les conditions qui lui sont imposées sont inacceptables. Au fil des années, le roi consent à des concessions de plus en plus grandes mais les Alliés, confiants en la victoire finale, posent des conditions de plus en plus dures.
En 1709, le Nord de la France est envahi, pour la première fois depuis le début du règne. Un malheur n’arrivant jamais seul, la France subit en 1709 l’un des plus rudes hivers qu’elle n’ait jamais connue : les températures passent fréquemment en-dessous de – 20°c.
Les alliées demandent la rétrocession d'un très grand nombre de territoire la remise de l’édit de Nantes refait mais surtout l'obligation de faire partir Philippe du trône d'Espagne et ce par la force si besoin mais le roi de France ne peut se résoudre à faire la guerre à son petit fils et il repousse les conditions.
Mais le pays est épuisé. Événement inédit, le roi décide de présenter à son peuple la situation. Le 12 juin 1709, il fait lire aux Français par les gouverneurs, intendants de province et les évêques un texte qui sera également imprimé et affiché. Il y présente les concessions faites, les demandes des Alliés et le déshonneur qu’aurait la France à s’y soumettre : « Mais quoique ma tendresse pour mes peuples ne soit pas moins vive que celle que j’ai pour mes propres enfants, quoique je partage tous les maux que la guerre fait souffrir à des sujets si fidèles et que j’aie fait voir à toute l’Europe, je suis persuadé qu’ils s’opposeraient eux-mêmes à la recevoir la paix à des conditions également contraires à la justice et à l’honneur du nom FRANÇAIS.»
L’appel ne tombe pas dans l’oreille de sourds : les grands du royaume apportent leur vaisselle d’or et d’argent à la Monnaie pour y être fondue (Louis XIV fait de même), les gouverneurs et intendants font tout leur possible pour assurer l’approvisionnement, et un grand nombre de volontaires (issus du peuple) s’engagent dans l’armée. Louis XIV confie le commandement d’une armée au maréchal de Villars
, brillant général et homme populaire auprès des soldats mais méprisé au sein de la Cour (considéré comme un parvenu car issu de la petite noblesse) qui donne de sa personne sur le champ de bataille (il a déjà été blessé 14 fois !). Le roi lui adjoint Boufflers.
Cette guerre fera entre plus d'un million de morts.
Prélude :Le maréchal de Villars avait conscience de son infériorité numérique. Les coalisés bénéficiaient également d’une supériorité psychologique en ayant remporté les batailles précédentes. Villars a donc préparé cette bataille attentivement, choisissant le terrain sur lequel il allait se battre, le valorisant à son avantage de façon à utiliser au mieux ses moyens, notamment son artillerie. Il a également pris le soin de galvaniser ses troupes avant la bataille, aussi bien par le discours que par des mesures concrètes, notamment en termes de ravitaillement, ce qui a donné aux troupes françaises un moral solide. De plus si Villars et détesté de la cour, il est adoré de ses hommes avec qui il partage la vie de camp et va souvent en première ligne (ce qui lui vaut 14 blessures).
Villars sait que son adversaire attaque d’abord les flancs pour dégarnir le centre ennemi avant de l’enfoncer. Il décide donc d’attendre l’arrivée des coalisés sur un terrain favorable, la trouée de Malplaquet, où il fait creuser des lignes de défense et des fortifications. Il déploie sa cavalerie en arrière, sur le plateau de Malplaquet et place le reste de son infanterie dans les bois qui bordent la trouée, à gauche dans le bois de Sars, à droite dans le bois des Lanières. Le terrain découvert au centre peut être balayé par trois feux défensifs: si Marlborough utilise sa tactique préférée, le prix à payer sera lourd. Boufflers commande l'aile droite, Villars l'aile gauche.
Déroulement de la bataille :
Vers 7h15, les premiers coups de canon sont donnés des deux côtés. Si les canons français sont peu précis et ne font que peu de victime, l'artilerie allié elle arrive à faire mouche car malgré le faite que l’infanterie française en souffre peu, la cavalerie française, non abritée, doit essuyer stoïquement une canonnade qui« allait comme une mousqueterie » (La Frézelière). Les Alliés regroupent leurs fantassins en colonnes.
C’est sur le bois de Sars, sur la gauche française, que Marlborough et le prince Eugène portent leurs premiers efforts (vers 8h). Les Français résistent bien mais finissent par reculer. Le combat y est très confus. Une demi-heure après l’assaut sur la gauche, les Alliés attaquent la droite française de Boufflers (entre 8h30 et 9h). Le combat y est très intense et les morts s’accumulent, surtout du côté des Alliés : 5000 Hollandais perdent la vie dans l’assaut face à 20 pièces d’artillerie française. « Je n’ai vu nulle part en un si petit espace un nombre si considérable de morts. Ils étaient [...] entassés jusqu’à deux et trois l’un sur l’autre » (Des Bournays). Le prince d’Orange qui mène l’attaque se retire. A 10h, les deux flancs français sont redevenus calmes et les Alliés amènent des renforts pour préparer un nouvel assaut. La droite alliée relance l’assaut sur la gauche française de Villars ; ce dernier, préoccupé, décide de retirer 12 bataillons de son centre pour renforcer la gauche. Voyant cela, Marlborough avertit Orkney de préparer la cavalerie à une charge décisive contre le centre français.
Villars décide de mener une contre-attaque pour déloger les Alliés du bois de Sars. Il mène l’assaut en tête mais un coup de mousquet le blesse au genou. Il essaye de commander encore mais s’évanouit et est transporté hors du champ de bataille. La contre-attaque française s’enlise de ce fait.
Le moment décisif arrive à 13h30, lorsque la cavalerie alliée décide d’enfoncer le centre français, conformément à la tactique favorite de Marlborough. L’infanterie alliée qui est sur les flancs français se retire. Boufflers, qui a pris le commandement général, prévient cette attaque en conduisant personnellement les cavaliers de la Maison du roi et de la Gendarmerie dans une charge contre les cavaliers ennemis.
La droite française est à nouveau attaquée mais cette-fois une partie des fantassins français cèdent et fuient. D’autre part, l’artillerie française manque de munitions.
Au niveau de la charge de cavalerie, les Français se battent héroïquement.
Le marquis de Quincy témoigne : « Les Gardes du Roy arrivèrent et ne furent pas plutôt formés qu’ils tombèrent avec toute la vigueur possible sur la première ligne des ennemis. Ils la renversèrent malgré les mouvements que se donnèrent les princes de Hesse et d’Auvergne qui étaient à leur tête. Les Gardes du Roy tombèrent avec la même vigueur sur la seconde ligne qu’ils enfoncèrent aussi bien que la troisième et la quatrième, et ils n’eurent que la peine de tuer les plus mal montés. » Chez l’ennemi, Schulenberg ne contredit pas le témoignage français. Les escadrons se reforment et charges et contre-charges se succèdent.
Voyant qu’il est impossible de rompre le front ennemi, Boufflers, qui a déjà chargé six fois, décide de battre en retraite (vers 15h). Les Français se retirent en très bon ordre au son du tambour avec leurs drapeaux, emportant 65 pièces d’artillerie. Les Alliés sont trop éprouvés pour poursuivre.
- Citation :
- Voici une carte précise de la bataille a son début même si le bois de Sars est à gauche non à droite !
Boufflers écrit au Roi dans la soirée du 11 septembre: « Sire, la suite des malheurs arrivés depuis quelques années aux armes de Votre Majesté avait tellement humilié la nation française que l’on n’osait quasi plus s’avouer Français. J’ose assurer Sire que le nom français n’a jamais été plus estimé ni plus craint qu’il l’est présentement dans toute l’armée des alliés. »
Villars dira à quant à lui au Souverain : « Si Dieu nous fait la grâce de perdre encore une pareille bataille, Votre Majesté peut compter que ses ennemis sont détruits. »
Effectif :
Coalisés : 100.000 hommes et 100-120 canons surtout formés d'éléments autrichiens et néerlandais commandés conjointement par le duc de Marlborough et le prince Eugène
France : l'armée franco-bavaroise des maréchaux Villars et Boufflers, forte de 75.000 hommes, parmi lesquels un assez grand nombre de soldats des milices, et de 80 canons
Pertes :
Coalisés : 20-25 000 morts ou blessés
France : 6000 morts ou blessés
Conséquence:
Au cours de cette bataille, la plus meurtrière de toutes les guerres de Louis XIV, les coalisés ont perdu 20.000 à 25.000 hommes, soit environ un quart de leurs forces. Les Français n'ont en revanche perdu que 6 à 11.000 hommes et se replient en bon ordre sur Bavay et Valenciennes. Si la bataille prend la forme d’une défaite tactique pour les Français dans la mesure où ce sont eux qui ont dû abandonner le champ de bataille, il s’agit en réalité d’une victoire stratégique : l’armée des coalisés a été saignée et la route de Paris est barrée. La France peut continuer à se défendre jusqu'à la victoire de Denain, négocier le traité d'Utrecht et terminer la guerre dans une position avantageuse. L’objectif pour les Français était finalement davantage de causer le maximum de pertes aux coalisés tout en en subissant le moins possible, plutôt que de gagner la bataille. Un chef militaire est toujours tenté de remporter la victoire à chaque bataille. Un bon chef doit néanmoins savoir mener la bataille tout en préparant l’avenir.
Pour ceux qui le veulent il y a un livre sur la bataille en format numérique, je vous met le lien.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3323938b/f14.item.r=.zoom